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Comment crée-t-on de la valeur aujourd’hui ?

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Bonjour à tous,

Aujourd’hui je vous propose un premier article de réflexion économique sur la création de valeur. Cet article vient de plusieurs réflexions que j’ai pu avoir dans ma formation orientée développement durable ici au Québec. Avant d’étudier le futur, il faut prendre connaissance de ce qui a été fait dans le passé et de la situation actuelle. J’ai décidé de séparer l’article en deux afin de le rendre moins long.

Ce premier post traitera donc de la création de valeur dans le passé et aujourd’hui. Le prochain post portera sur ce que pourrait être la création de valeur à moyen ou long terme (avec une vision développement durable, je l’avoue 😉 ).

La notion de valeur n’a jamais été figée : elle a toujours évolué. Afin de mieux comprendre le sens de « valeur » aujourd’hui, il nous est utile de comprendre son évolution. Le but d’un entrepreneur c’est de créer de la valeur n’est ce pas ?

1) L’évolution de la notion de valeur :

Chez les mercantilistes : Les penseurs mercantilistes (dont Jean Bodin et Jean-Batistes Colbert en France), adhérant au paradigme dominant au XVIème siècle, jugeaient que le commerce était à l’origine de la création de valeur, car permettait l’accumulation d’or (chrématistique), indicateur de richesse à cette époque. La valeur d’un bien selon eux serait donc estimée par sa valeur en or uniquement, par la richesse qu’elle constitue. A noter que la valeur était une valeur fixée par l’État, et non pas une valeur subjective. L’or et rien que l’or 🙂

Chez les physiocrates : A contrario, les physiocrates tels que Quesnay ou le marquis de Mirabeau développèrent leur propre paradigme centré sur la terre : ils pensaient que seule l’agriculture et le travail de la terre permettaient la création de valeur, car serait les seuls vecteurs de richesse selon eux. La notion de valeur était encore très liée à la notion de richesse à cette époque, comme pour les mercantilistes. La valeur d’un bien était donc la richesse qu’il représentait, et donc la richesse « terrestre ».

Chez les libéraux : Les libéraux tels qu’Adam Smith lièrent la notion de création de valeur à celle de la notion travail et de besoin. La  notion de création de richesse n’est plus au premier plan dans ce cas. D’ailleurs David Ricardo le précise dans son oeuvre « L’économie politique » écrite en 1878. Il faut considérer le besoin, la rareté et le travail nécessaire afin de déterminer de la valeur d’un bien, et donc de sa création. Marx rejoint cette idée de la valeur, notion qui se complexifie donc car intègre de plus en plus de nouveaux critères. Par exemple, Schumpeter intègre à ces notions la notion de « risque entrepreneurial », qui s’ajouterait aux anciens critères afin de dégager le profit, valeur ajoutée à titre de récompense pour l’entrepreneur. La notion de valeur devient donc très subjective (chacun a sa propre perception du risque ou de la pénibilité du travail effectué). Ce paradigme libéral est encore très influent voir toujours dominant dans le monde actuel.

2) La notion de valeur aujourd’hui :

Le paradigme néo-libéral : Aujourd’hui, selon l’évolution de la notion de valeur, nous pouvons penser que la valeur est déterminée de la manière suivante (sachant qu’il s’agit du paradigme libéral auquel nous ajoutons la notion d’actionnariat, actionnaires souhaitant rémunérer leur capital) :
valeur = besoin + travail + profit + rémunération du capital (actionnaires)

Cependant, si nous considérons les critiques d’Omar Arktouf, ce paradigme ne semble pas être le véritable paradigme actuel. Ce dernier serait plus orienté « actionnaires » et beaucoup moins travail ou besoin. La pondération des variables changerait et pourrait ressembler à cela selon moi (à titre indicatif et approximatif) :
valeur = 2x besoin + 1x travail + 5x profit + 10x rémunération du capital (actionnaires)

La valeur des biens est fixée par la quête de profits toujours plus grands, et je suis d’accord avec l’auteur. La société actuelle ne paie pas le prix du besoin ou du travail (il n’y a qu’à voir la guerre monétaire que se livre les américains et les chinois pour dévaluer leur monnaie, pour que leur produit ont un prix plus bas à l’exportation…, que du fictif, rien de réel).

Voici la chaîne de création de valeur selon Michael Porter. Cette dernière est encore la plus utilisée actuellement, en prenant en compte tous les coûts et la marge afin de créer la valeur d’un produit.

Ce schéma a été trouvé sur Wikipedia et est dans le domaine public :-). Vous remarquerez que seuls les critères « business » sont pris en compte pour déterminer la valeur d’un bien. Aucun critère social, humain ou environnemental n’est considéré.

Si je prends ce schéma de la chaîne de valeur pour l' »entreprise » Pourquoi entreprendre, si je vendais un produit numérique, j’aurais les données suivantes :

  • Infrastructure de l’entreprise : mon ordinateur
  • Gestion des ressources humaines : moi pour le moment :-).
  • Recherche et développement : pas de dépense financière dans ce sens, seulement du temps que j’y consacre en faisant de la veille et des réflexions personnelles.
  • Achats : pas d’achats particulier pour le moment. Peut-être de futurs investissements dans un micro, une caméra et d’autres outils numériques à l’avenir, mais cela n’est pas encore chiffré.
  • Logistique d’approvisionnement : pas d’achat de matière pour cette activité, car non matérielle.
  • Fabrication : coût de la production du produit. N’ayant pas de matières premières nécessaire pour cette production, le coût de fabrication est nul.
  • Logistique de distribution : ici, vente de produit numérique, donc uniquement le coût engendré par la plateforme qui gère les ventes comme Clickbank par exemple.
  • Marketing et vente : coût de la campagne webmarketing avec système d’affiliation ou autre.
  • Services : le coût du service est externalisé chez la plateforme gérant la vente du produit numérique
  • Marge : ce qui permet de toucher des sous :-), de dégager un profit qui pourra être réinvesti par la suite.

La valeur ajoutée est crée grâce à ce processus, et c’est ce qui est pris en compte dans le calcul du PIB d’un pays. Le PIB étant la somme de la valeur ajoutée totale créée à l’intérieur d’un pays.

Si l’exemple ne vous parle pas trop, faites le moi savoir dans les commentaires et je rajouterai un exemple plus précis et plus illustratif de cet outils de gestion.

Le prochain article traitera de la vision de la création de valeur selon un autre paradigme : celui du développement durable. Vu comment la population est de plus en plus sensible à ces nouveaux enjeux de développement, il y a des chances pour que ce paradigme soit accepté par de plus en plus de personnes en France notamment. Je ne peux m’empêcher de parler de cette nouvelle vision au vue de ma formation. Je pense que c’est un point de vue intéressant, qui peut faire débat, d’où son intérêt justement. Je me permettrai de modifier l’outil que propose Michael Porter afin d’y intégrer de nouvelles variables, englobant ainsi plus de données proches de la réalité.

Je vous dis donc à très bientôt pour le prochain article sur la notion de valeur 😉

podcast_Pourquoi_Entreprendre_19-11-2010

Par Jérôme HOARAU

Jérôme Hoarau est conférencier en soft skills (Jerome-Hoarau.com) et est co-organisateur du championnat de France officiel de Lecture Rapide et de Mind Mapping. Il a obtenu plusieurs titres de sport du cerveau tels que :
- Champion du monde de Mind Mapping 2018
- Champion du Royaume-Uni de Mind Mapping 2019
- Vice-champion du Royaume-Uni en Lecture Rapide 2019
Il est le co-auteur des livres "Les Gentils aussi méritent de réussir" (Alisio) et de "Soft Skills (Dunod). Il a également co-fondé le site PassiondApprendre.com.

8 réponses sur « Comment crée-t-on de la valeur aujourd’hui ? »

Bon article à l’exception d’une erreur :
« Marge : […] c’est la valeur ajoutée, ce qui est pris en compte dans le calcul du PIB d’un pays. »

la valeur ajoutée n’est pas la marge. La marge est une notion uniquement financière :

Exemple :
Pour produire un bien j’achète des matières première pour un coût de X.
Il coûte Y à transformer dans mon entreprise (frais généraux, RH, etc comme tu l’as bien expliqué)
Je le vends Z.

La marge (M) est égale à Z – (X + Y) : prix de vente – coût de revient global (externes [achats] et internes [entreprise])
la valeur ajoutée est égale à Y + M. On pourrait dire qu’il y a, en fait 2 valeurs ajoutées. La première est la valeur produite par l’entreprise (qui est résumée par la partie gauche du schéma) et la seconde est la valeur ajoutée perçue par l’acheteur (qui permet d’augmenter le prix de vente et donc la marge).

Je ne sais pas si j’ai été clair.

Bravo Jérôme pour cet article extrêmement intéressant.

Je pense qu’il est utile de considérer que la valeur est relative au pouvoir de décision. Dans le cas du paradigme néolibéral, c’est l’actionnaire/le patron qui arbitre les décisions, c’est donc lui qui considère la valeur, selon une formule telle que tu l’as énoncée, qui pondère fortement la rémunération du capital.

Cependant on peut considérer différents niveaux de valeur pour différents acteurs. Par exemple la création d’emplois est une création de valeur pour un état (et pour le salarié!) alors que c’est une charge pour l’entreprise.

L’exemple le plus marquant est le développement durable: Une entreprise exploitant des ressources naturelles crée de la valeur ex nihilo. Elle investit sur son outil de production, qui est en fait un outil pour atteindre la ressource, pas la créer. Par exemple une compagnie pétrolière supporte des coûts pour atteindre le pétrole, mais il existe déjà, elle ne le fabrique pas. Elle gagne donc « gratuitement » la valeur de l’existence de pétrole. Cette valeur est possédée par la planète/la société/l’humanité… C’est la même chose pour la pollution: une diminution de la valeur pour un autre acteur (la planète).

Un des challenges du développement durable aujourd’hui me semble d’une part de mesurer cette valeur des ressources naturelles, sociales, etc. et d’autre part, de l’intégrer dans les décisions. En effet aujourd’hui, le développement durable est pénible pour les entreprises, donc pour les états qui ne veulent pas ralentir l’économie. C’est pourtant aux états, qui payent les conséquences financières de la modification de l’environnement de la société, de mesurer et de provisionner ces conséquences financières, et donc imposer une contrepartie financière aux entreprises.

Je déborde largement sur la partie 2 de ton article, j’espère le lire très bientôt 😉

Merci pour vos commentaires constructifs !
@Ezellar : je ne suis pas sûr de t’avoir compris en fait :-S.
La valeur ajoutée serait tous les coûts de production et de vente liés au produit (pas liés aux infrastructures, et donc que les coûts directs) plus la marge c’est bien cela ? Dans ce cas, si je suis dans l’erreur, je corrige de suite 😉 Merci de me faire remarquer cette imprécision

@William : Merci beaucoup d’avoir partagé ton point de vue très complet. Je crois qu’on sur la même longueur d’onde. Tu verras cela très bientôt 😉

Ce que je voulais dire c’est que la valeur ajoutée (VA) ne se résume pas à la marge.

L’humain, le travail des ouvriers et employés fait partie de la VA.

La marge, c’est la différence entre le coût de revient (qui contient les matières premières, les frais et le coût du travail) et le prix de vente.

Réduire la valeur ajoutée à la marge revient à considérer le travail au même titre que de la matière première.

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