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L’entrepreneuriat à Madagascar

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Lors de mon article Mes voyages, mes entreprises et Retour sur mon voyage à Madagascar (vous pouvez trouver tous mes articles sur mes voyages sur ce lien), je vous précisais que j’étais parti à Madagascar et que j’y ai noté quelques particularités entrepreneuriales et de business dans ce beau pays. Voici donc quelques traits intéressants que j’ai pu noter (liste non exhaustive bien entendu 😉 ).

Une agriculture vivrière avec des agriculteurs marchands entrepreneurs

L’économie malgache repose encore beaucoup sur l’agriculture avec 73% de population rurale (chiffre de 2007 d’après cet article) et 28% du PIB fait par l’agriculture. Ce ratio montre d’ailleurs la faible productivité de ce secteur d’activité à l’heure actuelle. L’agriculture malgache, de ce que j’ai pu voir sur les hauts plateaux et sur la cote est, est organisée en cultures en terrasse comme vous pouvez le voir sur la photo suivante (d’où le manque de productivité car pas de possibilités de mécanisation de l’agriculture et difficulté d’accès aux terres cultivées) :

Les agriculteurs cultivent pour se nourrir mais aussi pour vendre leurs denrées sur les marchés. Les marchés ont lieux dans un village différent d’une commune selon le jour de la semaine, ce qui leur permet de vendre dans toute la région environnante de leur culture. Les agriculteurs deviennent ainsi des marchands. Ce sont de véritables entrepreneurs car doivent produire et vendre leur production et ce, malgré « l’ingratitude » de la nature avec des terrains escarpés et une culture sur brulis qui appauvrit les sols.

Un pays d’artisans

Si vous partez à Madagascar, préparez vous à revenir avec de nombreux souvenirs artisanaux ! Les malgaches ont un artisanat particulièrement beau selon moi. Ils font des sculptures en bois de qualité, des marqueteries plus belles les unes que les autres et des bijoux et tableaux sortant de l’ordinaire. De nombreux malgaches sont donc des artisans entrepreneurs qui, comme les agriculteurs, produisent leur art et le vendent sur les marchés et aux touristes vazaha. De plus, chaque région est spécialisée dans son artisanat avec par exemple les chapeaux à Manakara ou les marqueteries à Ambrositra. L’industrie n’est pas encore très développée dans ce pays car contrôlée par quelques oligopoles ou monopoles. En revanche l’artisanat constitue un secteur secondaire de l’économie assez fort et très adapté au tourisme (potentiel touristique de ce pays encore immense ! ) яндекс

Un pays de négociateurs

Il est culturel de négocier les prix à Madagascar, même pour un étranger. Ainsi, tous les malgaches négocient. Ils ont donc le sens du business (le sens des affaires) en cherchant à atteindre le prix juste pour les deux parties prenantes (l’acheteur et le vendeur). Cela est valable aussi bien pour les produits non transformés que pour les produits manufacturés ou les services.

Des étrangers venant entreprendre à Madagascar

Enfin, il est très facile de trouver des étrangers venant ouvrir leur business à Madagascar, surtout dans le domaine touristique. Non seulement de nombreux retraités y vont pour vivre une autre vie, mais également des plus jeunes qui y vont pour du business ou pour une mission associative (cf Interview Armel Philipon – gérant de la confiturerie St Joseph à Madagascar). Madagascar est un pays jeune en développement où de nombreuses possibilités entrepreneuriales existent.

Cet article n’est pas une liste exhaustive des caractéristiques de l’entrepreneuriat  à Madagascar. N’hésitez pas à commenter si vous constatez un oubli important 😉

Par Jérôme HOARAU

Jérôme Hoarau est conférencier en soft skills (Jerome-Hoarau.com) et est co-organisateur du championnat de France officiel de Lecture Rapide et de Mind Mapping. Il a obtenu plusieurs titres de sport du cerveau tels que :
- Champion du monde de Mind Mapping 2018
- Champion du Royaume-Uni de Mind Mapping 2019
- Vice-champion du Royaume-Uni en Lecture Rapide 2019
Il est le co-auteur des livres "Les Gentils aussi méritent de réussir" (Alisio) et de "Soft Skills (Dunod). Il a également co-fondé le site PassiondApprendre.com.

8 réponses sur « L’entrepreneuriat à Madagascar »

Un beau pays n’est-ce pas?

Désolé de faire le rabat-joie mais je crois qu’investir à Madagascar c’est vraiment partir à l’aventure. Déjà à cause de la situation instable du pays, quel dommage alors que Marc Ravalomanana avait réussi à redresser un peu le pays…
Mon supérieur quand je travaillais à Mada, un français marié à une malgache était dans le tourisme et ça a chuté très fortement à cause de ces problèmes.

Ensuite le pouvoir d’achat qui est vraiment très bas, ce qui fait qu’il faut vendre à l’étranger, ou à des étrangers à Mada (les touristes). Et enfin les difficultés au niveau de l’alimentation électrique, une connexion internet très lente, la barrière de la langue, même si ça ne pose pas de problème pour les malgaches éduqués.

Enfin la corruption. Si vous avez un concurrent malgache qui veut prendre votre place, il risque de vous mettre de sérieux bâtons dans les roues. Et en cas de problème judiciaire, vous devrez payer le prix fort!

Voilà ce que je peux en dire après mes 2 ans et demi de vie là-bas. J’en dresse un tableau noir mais bien sûr il y en a qui réussissent plutôt bien.

@bientôt!

Bonjour Argancel,

Merci pour ton commentaire qui aide à nuancer mon article. Comme dans tout pays, il y a des facteurs négatifs qu’il faut tenir compte avant d’y créer son business, et tu viens de les citer ci dessus. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle peu d’étrangers y vont investir pour le moment… En espérant que la situation évolue dans le bon sens.

Bonjour Jérome et Argancel,
J’ai vécu 4 ans à Madagascar durant mon enfance, et certains amis de la famille qui avaient créé une boite sur place ont étés purement et simplement dépossédés de la société et de leurs biens du jour au lendemain. Pour cette raison, je ne serais pas tenté de créer une société là bas, mais je suis conscient que cet avis est très personnel et repose sur des faits qui ont plus de 15 ans aujourd’hui.
Il serait intéressant d’avoir des retours sur ce que ça donne de nos jours.
D’ailleurs les Malgaches m’ont toujours semblé être des gens accueillants (très peu de racisme anti-Français à l’époque alors que c’est une ancienne colonie), et j’ai pas mal songé à embaucher des rédacteurs là bas, car le niveau de Français y est parfois excellent.

Formatrice en gestion d’entreprises et malgache, je tiens à vous révéler quelques réalités.
Les opportunités et vos doutes sont tous fondés.
Et oui, la stabilité politique joue un grand rôle quand on investit, mais l’instabilité peut aussi jouer à l’avantage des investisseurs. Les opportunités sont grandes et les législations sont plus laxistes en temps de transition.
Le filon le plus intéressant est tout ce qui concerne le développement durable. Certes, en temps de crise, tout le monde plonge mais ceux dans cette filière arrive toujours tant bien que mal à s’en sortir (d’où le qualificatif « durable »). Et puis, le comportement: se conduire comme un étranger ne résout rien du tout!

Merci pour votre témoignage 🙂
Je suis content que le développement durable marche plutôt bien pour Madagascar. C’est une bonne chose pour ce pays qui doit faire face à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux énormes !

Pouvez-vous m’en dire plus sur « se conduire comme un étranger » s’il vous plait ?
Qu’entendez-vous par là ?

Bonjour à tous.
Je suis libraire et éditrice malgache et j’ai fait toutes mes études à Madagascar. J’ai monté ma société avec mon mari en 1995 après deux ans dans une société d’édition. Travailler pour soi est source d’épanouissement car vous êtes le maître à bord. Mais il faut beaucoup de volonté, de persévérance et de tenacité. Depuis la création de la société en 1995, j’ai vu passer trois crises et je peux vous dire qu’il y a de quoi baisser les bras. Ce qu’on construit aujourd’hui peut être détruit demain et on recommence. Nous ne pouvons pas faire de projets à long terme et pourtant, ce ne sont pas les choses à faire qui manquent, surtout dans l’éducation. A l’heure actuelle, les projets qu’on arrive à réaliser relève du miracle mais heureusement, nous ne manquons pas encore d’idées pour aller de l’avant. Nous devons travailler avec des partenaires étrangers pour réussir mais comme disait Marina, l’attitude dédaigneuse et peu respectueuse des étrangers qui travaillent ici fait que la population ne les apprécie pas.

Merci beaucoup Michele pour ce témoignage. C’est très honorable et courageux de votre part. J’espère que vos projets aboutiront comme vous le souhaitez.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les difficultés auxquelles vous avez fait face ? Est-ce de l’ordre administratif, commercial, de gestion… ?

Qu’est ce qui pourrait vous aider à l’heure actuelle ?

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