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Interview de Thibault Di Maria : entrepreneur fondateur de la société Poésie Conseil

Nous avons le plaisir aujourd’hui d’avoir l’interview de Thibault Di Maria, le jeune fondateur de l’agence de communication Poésie Conseil. Il a également écrit et publié le livre « Pourquoi nos entreprises boudent la communication (et ne devraient pas) « . Je vous souhaite une bonne lecture, et remercie Thibault pour ses réponses de qualité 😉

Pourquoi entreprendre : Bonjour Thibault. Vous êtes le fondateur de la société Poésie Conseil. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre société et votre parcours ?

Thibault Di Maria : J’ai fondé mon cabinet conseil en stratégie de communication courant 2009, au moment où la « crise » était peut-être le mot le plus utilisé dans les médias. Je le précise car c’est cette situation qui m’a conduit à créer mon cabinet dans une optique d’équité. A savoir, faire bénéficier aux « petits budgets » de conseils professionnels tels que j’ai pu en dispenser quand je travaillais en agence de publicité pour des « grands comptes ». Et conseiller les entreprises plus importantes à des tarifs
adéquats. L’échelle de leurs demandes à chacune n’étant pas la même, c’est aussi pour cela qu’il est possible de donner des tarifs accessibles aux TPE/PME.

En ce qui concerne mon parcours, j’ai travaillé pour des agences de publicité et de design puis au sein de différentes directions de la communication. C’est l’avantage de mon métier que de pouvoir travailler sur des secteurs souvent différents en y apportant, en tout cas je fais tout mon possible (rires), une réponse appropriée. Pour mes études, je suis issu d’un cursus totalement publique : études secondaires littéraires puis, au sein de la Sorbonne, l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences de l’Information et de la Communication (plus connue sous le nom de CELSA), ceci expliquant peut-être aussi mon attachement à une certaine éthique de la profession et ma démarche didactique.

Pourquoi entreprendre : Vous avez justement écrit le livre « Pourquoi nos entreprises boudent la communication (et ne devraient pas) « . Pouvez-vous nous en dire plus ?

Thibault Di Maria : A travailler avec les tpe/pme, je me suis en fait heurté à quelque chose que je ne soupçonnais pas, et que j’ai nommé plus globalement « la communication à deux vitesses ». En fait, j’ai constaté que pour ce type d’entreprises, la communication, et a fortiori la stratégie de communication, n’étaient absolument pas comprises, identifiées et demandées. C’est à dire que dans un monde où le mot « communication » est mis à toutes les sauces, employés par tous, du simple salarié aux plus hautes fonctions de l’Etat, 94% de nos entreprises ne l’emploie pas dans leur propre développement !

J’ai donc été choqué (le mot est fort mais à la hauteur de mon étonnement) de voir combien les tpe/pme n’avaient jamais été vraiment sensibilisées à ces problématiques de communication, et donc au développement de leur activité. C’est dans cette optique que j’ai écrit le livre, après avoir pendant un an écouté et travaillé aux côtés de ces petites entreprises. J’y analyse donc le pourquoi de ce rejet de la communication (massivement fondé sur 3 idées reçues que je décris et combats), pointe les différents responsables de cet état de fait (tpe/pme, structures d’accompagnement, agences de publicité) et préconise « six propositions essentielles » pour repartir sur des bases saines.

Pourquoi entreprendre : Comment avez-vous fait pour concilier la création de votre entreprise, la rédaction et la vente de votre livre ?

Thibault Di Maria : Cela s’est fait de manière fluide : le conseil aux entreprises et leurs réactions alimentant ma réflexion et mon analyse. Pour la vente, je comptais justement sur votre blog pour me faciliter la tâche ! (rires). Plus sérieusement, c’est aussi l’avantage de travailler pour soi : la possibilité d’aménager ses horaires et son activité en fonction des priorités du moment.

Pourquoi entreprendre : Selon vous, que doit faire une entreprise pour se faire connaitre, autant de manière quantitative que qualitative ?

Il ne s’agit pas à mon sens uniquement de « se faire connaître », mais plutôt de « bien se connaître » pour mieux communiquer et se rendre visible. C’est à dire se poser avant tout les bonnes vieilles questions : qui suis-je ? où vais-je ? dans quelle direction je veux aller ? etc., en essayant de prendre un maximum de recul sur son activité. C’est d’ailleurs pour ça que les « agences de communication » ne sont jamais au sein des entreprises, ces dernières ayant trop souvent le « nez dans le guidon » pour appréhender pleinement une stratégie de communication efficace.

Puis une fois ces questions résolues (positionnement de marque bien construit, discours à tenir pertinent, cibles de communication identifiées…), il faut justement choisir, en fonction de sa taille, de son activité, et bien sûr de son budget, s’il est plus intéressant de communiquer de manière qualitative ou quantitative, ou les deux. Car une petite action de communication bien préparée en amont peut avoir de très grands effets. Rappelons que c’est d’abord en distribuant son jeu dans une, puis dix, puis cents écoles primaires et les cours de récréation que le jeu Kapla est devenu mondialement connu, or sa communication était un vrai défi : faire connaître (et faire acheter)… un morceau de bois !

Pourquoi entreprendre : Quelle est la place d’internet et des blogs dans les stratégies de communication ?

Sans être indispensable, elle est néanmoins prépondérante. D’abord parce que de plus en plus souvent lorsque l’on recherche une information sur une entreprise on passe par des moteurs de recherche, celle-ci se doit donc d’avoir une vitrine officielle dans ce lieu virtuel. Ensuite parce qu’elle permet une réactivité et une diffusion que nous n’avions jamais connu auparavant.

J’apporterais toutefois quelques nuances. Les outils et les codes pour maîtriser cette sphère sont en constante évolution, il faut donc faire appel à des personnes compétentes sur ces sujets. Ensuite, ce n’est pas parce que c’est « internet », que c’est un eldorado de la communication. Comme tout média, et je dirais qui plus est sur celui-ci : sans réflexion c’est à dire sans stratégie bien construite, sans message fort et sans création idoine, les internautes passeront à coté de vous. Pire votre flop pourra être diffusé largement en quelques secondes et s’avérera alors contre-productif puisque désastreux en termes d’image. Avec sa dimension « participative » et l’accès au plus grand nombre à la parole de tous, internet n’est pas (plus ?) un média à prendre à la légère : les internautes étant de plus en plus critiques, de plus en plus exigeants.

Pourquoi entreprendre : Que pensez-vous de la communication sur l’aspect Développement Durable en ce moment en France ?

Problématique complexe que le Développement Durable, à la croisée du fourre-tout, du projet de société et d’une recherche toujours plus grande de transparence dans les actions de chacun.

Sa communication soulève à mon sens le processus suivant : du jour au lendemain le citoyen/consommateur s’est réveillé en s’écriant « Mais que se passe-t-il ? Ma planète se meurt ! ». L’entreprise, moins réactive, n’a pu suivre immédiatement celui qui hier encore la faisait fonctionner au charbon, ne se préoccupait pas trop des conditions de vie du salarié vietnamien et vivait une vie paisible et confortable.

A mon sens donc, la « Communication Développement Durable » ne devrait tout simplement pas exister en tant que secteur à part, mais faisant partie intégrante de la communication classique et du fonctionnement global des entreprises. Elle n’a pris une telle dimension aujourd’hui que parce que le citoyen/consommateur a été pris d’une profonde stupeur quant à son avenir. Elle révèle même sans doute l’hypocrisie de celui-ci demandant à autrui de régler le problème à sa place.

Bref, au-delà donc des dérives inévitables comme le « greenwashing » (destiné à rendre vert par un coup de peinture ce qui est gris) et au vu de ce que j’ai dit précédemment j’estime que la communication sur l’aspect Développement Durable en France remplit sa mission très convenablement.

Pourquoi entreprendre : Quelles sont les erreurs à ne pas faire en matière de communication pour une entreprise nouvellement créée ?

J’en noterais trois importantes :

La première erreur est de réaliser une action de communication sans avoir au préalable réfléchi sur l’identité de son entreprise ou de son produit ainsi que sur les objectifs que l’on souhaite atteindre. Sans ces fondamentaux, la communication sera un coup d’épée dans l’eau !

La seconde est de vouloir ne pas prendre de risques. Communiquer de manière banale, revient à obtenir des résultats qui le sont tout autant, c’est à dire inintéressants.

La troisième erreur est de se dire : « combien de clients me rapportera mon action de communication ? ». Parce qu’il est impossible de le savoir, il faut bien avoir en tête que la communication va au-delà de ces considérations (même si elle les prend bien sûr en compte !) et installe un univers, une identité de marque, une relation avec ses clients présents et futurs. Autrement dit, la clé du succès. La communication est un pari sur l’avenir, pas un générateur comptable de rentabilité immédiate.

Pourquoi entreprendre : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent devenir entrepreneur ?

Je pense que j’en ai encore quelques-uns à apprendre avant d’en donner sur ce sujet, mais je crois que le principal aujourd’hui serait celui-ci : se jeter à l’eau avec le sourire… en tenant compte des risques que cela comporte.

Par Jérôme HOARAU

Jérôme Hoarau est conférencier en soft skills (Jerome-Hoarau.com) et est co-organisateur du championnat de France officiel de Lecture Rapide et de Mind Mapping. Il a obtenu plusieurs titres de sport du cerveau tels que :
- Champion du monde de Mind Mapping 2018
- Champion du Royaume-Uni de Mind Mapping 2019
- Vice-champion du Royaume-Uni en Lecture Rapide 2019
Il est le co-auteur des livres "Les Gentils aussi méritent de réussir" (Alisio) et de "Soft Skills (Dunod). Il a également co-fondé le site PassiondApprendre.com.

2 réponses sur « Interview de Thibault Di Maria : entrepreneur fondateur de la société Poésie Conseil »

Oh mince le monde est petit! 🙂 Bonne chance pour Poésie Conseil Thibault! Nous n’avions jamais discuté du concept, mais c’est plein de bonnes idées.

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